Une nouvelle vision de l'Ennéagramme…
  

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Le retour de Proserpine

Frederic Leighton

 

Au sujet de Proserpine, voici un  court extrait d’un article qui devrait paraitre prochainement.

Cet extrait  vient compléter un précédent billet sur ce blog, consacré à l’Ange Rochel

 

Le complexe de Proserpine

 

Les mystères d’Eleusis, principal et plus ancien culte de la religion grecque ont duré environ 2000 ans (- 1450 à + 392). Ils étaient étroitement connectés au mythe de Demeter et Persephone.

Le mythe reflète la notion de transformation et la nature cyclique de la vie. L’existence ne s’arrête pas avec la mort parce qu’il n’y a pas de mort ; Il y a seulement le changement d’un état d’être à un autre, symbolisé par la décomposition de la graine dans la terre et sa réapparition sous la forme d’un être vivant qui s’élève vers la lumière.

Ainsi les initiations aux mystères d’Eleusis étaient probablement proches de ce que les survivants des expériences de mort imminente (EMI) rapportent ou ce qui est vécu en thérapie transpersonnelle, lors des séances de respiration holotropique (ce que le psychiatre Stanislav Grof a appelé les matrices périnatales).

Il y a donc dans le complexe de Proserpine un fort besoin d’initiation spirituelle aux vérités de la vie et de la mort, d’exploration en profondeur de la psyché et de transformation complète et radicale de l’être, sans compromis pour les mondanités et les visions superficielles de la réalité. Ces personnes sont des chamanes, des guérisseurs (guérisseuses) spirituels, des médiums. Ils présentent une grande aptitude aux phénomènes de transes, ils ont des visions et ils ont naturellement des pouvoirs psychiques -guérison, clairvoyance, télépathie, …

La dynamique de Proserpine au travers du mythe est centrée autour de la fusion et la séparation, la possession et l’émancipation, l’ignorance et la connaissance.

Dans la première partie de sa vie l’individu Proserpine est en fusion avec ou possédé par un ou ses deux parents, et éventuellement plus tard par un conjoint.

Elle est par trop gentille, incapable de dire non, du mal à connaître et faire respecter ses limites, victime, impuissante, présente de la compassion, sensible aux besoins des autres, trop émotionnelle, du mal à nommer ses émotions, imaginative, grand besoin de se retirer, de s’isoler, enfant qui joue seul, sa sensibilité ne se conforme pas aux normes familiales, non orthodoxe, non conventionnelle, traumas dans l’enfance physiques ou psychiques, femme enfant inconsciente de son attractivité sexuelle.

Bien que le sujet ait des propensions au travail mystique, la spiritualité fait souvent irruption dans sa vie de façon soudaine voire brutale sous la forme d’expériences mystiques, de la rencontre avec un partenaire ou un maître. Cela peut aussi être à la suite d’une séparation ou d’un deuil.

Cet évènement va initier la défusion, la séparation d’avec le milieu familial ce qui souvent entraîne bien entendu des réactions assez vives de la part de ceux qui exerçait un pouvoir sur elle (à l’image de Déméter).

A partir de ce moment le sujet Proserpine va démarrer un processus de réintégration de son pouvoir intérieur. Elle devient capable de dire sa vérité plutôt que de vouloir plaire aux autres, sait mettre des limites saines, sait prendre soin d’elle, a réintégré son masculin intérieur, l’animus, ce qui signifie qu’elle a développé sa nature affirmée, et active, la musique, la nature et les expériences mystiques la recharge, elle est mystique, visionnaire, connectée avec les guides spirituels et les esprits, elle devient capable de guider les autres dans leurs mondes souterrains, avec beaucoup de finesse, de compassion, d’intuition et de sagesse.

Parfois et c’est l’autre aspect de la planète Proserpine, le sujet va s’identifier à Demeter, à la mère possessive, jalouse, vindicatrice et cruelle, qui régente et instrumentalise son entourage, son partenaire et ses enfants. Si ceux sur qui elle exerce son pouvoir tentent de s’en défaire, elle peut devenir très dure ou faire du chantage émotionnel. C’est d’ailleurs souvent à ce moment qu’elle commence un processus de transformation où elle peut accepter que l’attention aimante envers ses proches va de pair avec une acceptation pleine et entière de la souffrance d’une séparation qui tôt ou tard arrive.

Finalement Proserpine nous enseigne à prendre conscience de l’impermanence des phénomènes et de la vie humaine en particuliers. Elle nous enseigne à faire face à la peur de la mort pour pouvoir faire le travail de croissance et de lâcher prise. Voir au-delà du miroitement captivant des apparences, transcender l’attachement à la possession pour réaliser la non existence des phénomènes et du Soi, tel est l’enseignement ultime délivré par Proserpine.

A suivre …

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