Une nouvelle vision de l'Ennéagramme…
  

 

L’Ennéagramme et le Mandala du Soi

Bernadette Bollero-Schmitt

Frédéric Schmitt, MD, homéopathe.

Auvergne 2006

 

Quelques notions au sujet des travaux de B&F Schmitt menés depuis 2000 sur l’Ennéagramme et de leur  méthodologie de recherche.

Ce texte a été écrit en 2006, et ne  tient compte que du début de nos recherches, sa genèse en quelque sorte.

Les recherches ont  bien avancé depuis notamment avec l’introduction des 5 caractères de Reich, les 5 Familles de Sagesse du bouddhisme, les 72 Archétypes/Anges  et les 36 Décans astrologiques en lien avec l’Enneagramme et les Fleurs de Bach

. Ouvrage en cours de rédaction , Patience …

 

 

Introduction

 

L’ennéagramme est un outil dont l’origine est mystérieuse. Nous sommes redevables à G.I. Gurdjieff d’avoir divulgué, dans les années 1920, pour la première fois en occident ce remarquable système. Cependant son usage systématique dans la compréhension et l’analyse de la psyché humaine remonte à Oscar Ichazo dans les années 1960. Laleh Bakthiar a publié un remarquable ouvrage en 1994 levant pour la première fois le voile sur l’approche soufie  et néo-platonicienne de l’ennéagramme.

Bernadette a connu l’ennéagramme au contact de son maître, le Vénérable Dhiravamsa, enseignant bouddhiste respecté, l’ayant lui-même étudié auprès de Claudio Naranjo dans les années 1970.

Frédéric est médecin, homéopathe classique depuis 1986, également élève de Dhiravamsa.

 

Dans les années 2000, Bernadette et Frédéric, ont découvert les clés permettant d’appliquer l’ennéagramme à l’homéopathie. Il s’avère que ces deux systèmes ont une très grande similitude. Ils présentent deux portes d’entrée : pour l’ennéagramme les trois centres et les trois sous-types, pour l’homéopathie, les trois miasmes et les trois règnes. Leur découverte a consisté à mettre en parallèle les trois centres et les trois miasmes ainsi que les trois sous-types et les trois règnes. Afin de comprendre l’importance de cette découverte, il faut rappeler que la thérapeutique homéopathique traite l’individu dans sa globalité physique, énergétique et psychique.

 

Samuel Hahnemann, fondateur de l’Homéopathie

 

L’homéopathie

Dans cette approche médicale, la pratique a démontré qu’une substance unique va équilibrer un individu unique. Cette substance est appellé le Simillimum. Toute la quête de l’homéopathe est de déterminer ce fameux graal, le Simillimum. En homéopathie, afin de faciliter cette recherche, les praticiens ont l’habitude de diagnostiquer au préalable le miasme et le règne de leurs patients. Il existe trois miasmes (ou terrains) ainsi que trois règnes (minéral, animal, végétal). Le diagnostic correct du miasme et du règne va orienter vers un certain groupe de remèdes spécifiques. Cependant cette recherche est ardue, car il existe près de 3000 remèdes dans la pharmacopée homéopathique. Si bien que les homéopathes n’utilisent qu’environ une centaine de ces remèdes dans 80% des cas.

La découverte de Bernadette et Frédéric a permis de faciliter grandement le diagnostic de miasme et de règne. En effet, leur pratique clinique a démontré que le centre prédominant dans l’ennéagramme détermine le miasme dominant et de la même façon le sous-type dominant celui du règne. Ceci est objectivé les  tableaux suivant, sorry in English only   :

 

Enneagram Center Subtype
Homeopathy Miasma Kingdom

 

 

 

Centers Instinctive Emotional Mental
Miasmas Luesis Psora Sycosis

 

 

Subtypes Selfpreservation Sexual Social
Kingdoms Mineral Animal Vegetal

 

 

 

Les résultats cliniques, en terme de guérison, furent spectaculaires avec un nombre bien plus grand de remèdes utilisés. Ceci  nous encouragea à poursuivre et approfondir nos recherches. A partir de cette date, Frédéric utilisait systématiquement ‘l’ennéagramme comme outil pour trouver le Simillimum de ses patients. Il s’agissait donc de poser un diagnostic fiable et valide de diagnostic de type et de sous-type, sans quoi le remède homéopathique sera approximatif voire faux, et le malade ne pourrait pas guérir. Il n’est pas possible de jouer avec la santé et la vie des patients. Pour cela, nous devions développer des compétences diagnostiques sûres et valables.

 

Les seules connaissances que nous avions à l’époque étaient celle léguées par Oscar Ichazo et Claudio Naranjo sur les trois centres, les neuf types et les trois sous-types. Cela était déjà intéressant et nous nous sommes appuyés dessus, mais bien insuffisant pour atteindre notre objectif en terme de diagnostic clinique.

 

Méthodologie de recherche

Notre méthodologie fut la suivante. Le premier objectif fut d’essayer d’augmenter nos connaissances. Or à la différence d’autres savoirs traditionnels, nous ne connaissions personne dépositaire d’enseignements plus approfondis. Il existe des maîtres taoïstes dépositaires d’enseignements approfondis sur les cinq éléments et l’art de guérir traditionnel chinois. Il existe des maîtres bouddhistes capables de nous permettre d’approfondir notre connaissance de la médecine bouddhiste et la connaissance des tantras décrivant le corps et les énergies subtiles. Mais il n’existe pas, à notre connaissance, de maître en ennéagramme détenteur d’une connaissance ou d’un savoir ancien et traditionnel sur ce sujet. Nous devions nous débrouiller par nos propres moyens.

 

Dans la mesure où l’analogie homéopathie et ennéagramme avait très bien fonctionné, nous avons cherché d’autres analogies dans d’autres systèmes dans le seul et unique but d’accroître notre connaissance de l’ennéagramme et donc notre compétence diagnostique. Nos présupposés furent les suivants :

 

1/ Si les différents systèmes traditionnels décrivent bien le même être humain, il doit être possible et légitime d’effectuer des rapprochements entre ses systèmes.

2/ A cette fin, nous devons nous placer, dans l’étude de ces différents systèmes, d’un point de vue strictement phénoménologique. Nous devons observer et étudier les archétypes décrits par les différentes traditions dans un esprit jungien, sans nous préoccuper de l’origine de ces archétypes, travail que nous laissons aux théologiens.

3/ Tout rapprochement avec un système extérieur à l’ennéagramme doit en permettre une meilleure compréhension et accroître les compétences diagnostiques typologique dans l’ennéagramme.

4/ Les résultats cliniques en terme de guérison homéopathique doivent s’améliorer.

5/ La méthodologie diagnostique doit être reproductible, c’est-à-dire, que plusieurs praticiens correctement entraînés doivent pouvoir porter le même diagnostic (dans l’ennéagramme) sur le même patient sans se concerter.

6/ Tout éclairage apporté par un système extérieur à l’ennéagramme, ayant répondu aux critères 3, 4 et 5 peut être intégré au nouveau modèle.

 

Nous avons tout au long de notre travail vérifié, au creuset de l’expérience clinique quotidienne, chaque hypothèse, et, écarté toutes celles qui furent infructueuses ou stériles.

 

Nous avons ainsi, à partir de la structure existante de l’ennéagramme, aboutit à un modèle synthétique de l’ennéagramme apportant une somme d’informations supplémentaires considérable tant sur le plan du modèle anthropologique, que de la structure de l’ennéagramme ou de son contenu.

 

Le modèle anthropologique avec lequel nous travaillions nous permit de comprendre que les types et les sous-types de l’ennéagramme, s’entendent, en termes somatiques, énergétiques et psychologiques, ainsi que l’entendent également toutes les traditions anciennes qu’elles soient orientales ou occidentale. Chaque type ou chaque sous-type s’exprime dans ses trois dimensions psychologique, énergétique et somatique.

 

.La structure de l’ennéagramme concerne la dynamique propre à un individu dans l’ennéagramme. Nous l’avons nommé constellation intérieure. Celle-ci comprend : le centre principal dans lequel se trouve le type principal (ou fixation majeure). Le type principal présente une aile et deux flèches. Elle comprend ensuite deux types mineurs (ou fixations mineures) dans les deux autres centres. Enfin, nous trouvons le sous-type principal. Nous trouvons mathématiquement 1080 possibilités de constellations. Notre défi majeur fut d’avoir la capacité d’effectuer le diagnostic de la constellation du patient se présentant à notre consultation de façon fiable, rapide et surtout reproductible.

 

Le contenu de l’ennéagramme concerne la compréhension et la connaissance à propos des centres, des types et des sous-types.

 

 

Nous avons ainsi commencé par comparer les trois centres, avec, essentiellement, les trois humeurs de l’ayurveda et les trois poisons psychiques du bouddhisme. Puis nous avons trouvé le lien entre les neuf types et les cinq éléments du taoïsme, les dix sephirots de la kabbale, les dix paramitas du bouddhisme et les lames majeurs du tarot.

 

Nous découvrîmes assez rapidement l’existence des modes Yin et Yang. En effet, en matière d’énergétique taoïste, chacun des éléments (Métal, Eau, Bois, Feu, Terre) se décline sur un mode Yin ou Yang. Ainsi il existe des individus Métal Yin et Métal Yang, etc. Ceci nous conduisit à observer que chaque type pouvait, de la même façon, se décliner sur un mode Yin et Yang. Par exemple le type 7 se trouva cliniquement mis en relation avec l’élément Bois. Nous pouvions donc observer des types 7 Yang et 7 Yin, analogiques respectivement à un Bois Yang et un Bois Yin. Le type 7 Yang correspond au type 7, épicurien, classiquement décrit par Naranjo et les écoles d’ennéagramme. Le type 7 Yin, se présente comme un individu inhibé, complexé, fantasque et manquant de confiance en lui.

 

 

Une des évolutions les plus fulgurantes fut ensuite le travail avec les sous-types. En effet, l’habitude de vingt ans d’observation clinique des malades, en homéopathie, permit à Frédéric, de découvrir qu’il existait, cliniquement, deux variantes bien distinctes, de sous-type sexuel. Ces deux variantes correspondaient à l’évidence aux deux polarités de l’énergie sexuelle que nous convîmes de nommer : sexuel Mars et sexuel Venus. Il est bien entendu qu’il existe des hommes Mars et Venus, tout autant qu’il existe, des femmes Mars et Venus. Les individus de sous-type sexuel Mars présentaient une énergie combative, vigoureuse, active et agressive alors que ceux de sous-type sexuel Venus présentaient une énergie douce, compatissante, charmante et vulnérable. Cette différence était telle que nous pouvions parler d’un quatrième sous-type.

 

Pour éclairer cette connaissance des quatre sous-types, nous nous sommes appuyés sur les quatre éléments de la tradition ayurvédique et hippocratique (terre, eau, feu et air) et les quatre fonctions psychiques décrites par Jung (pensée, intuition, sensation et sentiment). Nous avons pu également, mettre les somatotypes de Sheldon en lien, non pas avec les types, mais bel et bien avec les sous-types. Ceci fut encore d’une importance vitale en terme de compréhension de l’ennéagramme et de diagnostic. Ceci nous amena à découvrir un quatrième somatotype mésomorphe. Chacun sait que les trois somatotypes décrit par Sheldon sont issus des trois feuillets embryologiques endoderme, mésoderme et ectoderme. Notre observation clinique nous permit de découvrir ce quatrième somatotype que nous avons appelé mésomorphe Venus, par opposition au mésomorphe Mars, qui est le mésomorphe classique décrit par Sheldon. Or cette découverte clinique put trouver un fondement embryologique, puisque le mésoderme qui est le feuillet intermédiaire donne naissance à deux grandes catégories de tissus, d’une part, le tissus ostéo-musculaire et, d’autre part, le système uro-génital. Le tissus ostéo-musculaire est la base embryologique du mésomorphe Mars et le système uro-génital du mésomorphe Venus.

 

Les liens entre les quatre sous-types, les quatre éléments, les quatre fonctions psychiques de Jung ainsi que les quatre somatotypes de Sheldon nous ont permit de dresser une cartographie remarquable et complète des sous-types de l’ennéagramme.

 

Une des dernières découvertes que nous fîmes, fut l’application du mode Yin et Yang aux quatre sous-types, nous permettant d’individualiser 8 variantes aux sous-types. Nous avons mis en relation les huit variantes des sous-types avec les huit types psychologiques de Jung, les huit caractères de Gaston Berger et les huit trigrammes du Yi King.

 

 

 

 

Le Mandala du Soi

Ceci nous mena à la compréhension que l’ennéagramme est la représentation parfaite du Mandala du Soi.

 

Le mandala, archétype du soi, est selon les recherches de Carl Gustav Jung représenté par l’union des contraires, du principe féminin et du principe masculin. De tout temps et dans toutes les traditions, les chiffres pairs ont représenté le côté féminin et les chiffres impairs le côté masculin, les chiffres 3 et 4 ont notamment étaient marqués par cette symbolique.

 

Or nos recherches sur l’ennéagramme nous avaient conduit, loin de toute attente, à cette conclusion.

 

L’ennéagramme exprime par les trois centres et les neuf types la symbolique masculine du chiffre 3 et par les quatre sous-types et leurs huit variantes, la symbolique féminine du chiffre 4.

 

L’ennéagramme décrit ainsi l’union du principe masculin au principe féminin.

 

Le 4 est symbole de la matière, la structure, les fondements, la mère. En cela nous pénétrons la symbolique des sous-types et la comprenons comme fortement liée aux tréfonds et aux archaïsmes instinctifs de l’être, mais aussi à son soma et son vécu corporel, les sensations. Dans ce sens, le terme « sous-type » correspond non pas à une « sous »-division du type, mais à une réalité qui est inscrite très en profondeur dans l’être « sous » le type, de la même manière que le subconscient est symboliquement placé « sous » le conscient. Il est représenté par le carré au centre du cercle décrivant les quatre sous-types et leurs huit variantes.

 

Le 3, symbole de l’esprit, du ciel, du père nous ouvre la porte très largement sur la symbolique des types exprimant dans toute sa splendeur la complexité de nos personnalités et nos névroses. Il est représenté par le cercle décrivant les trois centres, et les neuf types dans l’ennéagramme.

 

 

L’ennéagramme, mandala du soi, exprime dans toute sa beauté la divinité de l’être qui peut s’exprimer comme confusion (l’aspect névrosé ou fixé des types et des sous-types) ou comme sagesse (l’aspect éveillé ou libéré des types et des sous-types).

 

Notre recherche actuelle nous permet d’appréhender l’aspect éveillé des quatre sous-types en lien avec les énergies de sagesse décrite dans le bouddhisme tantrique. Nous réservons cela pour un article ultérieur !

 

Voir aussi notre article sur l’historique de l’Ennéagramme