Une nouvelle vision de l'Ennéagramme…
  

Pleine conscience

Mahmoud Farshian

 

« Le cœur est comme le grain, et nous le moulin.

Dis-moi, le moulin, sait-il pourquoi il tourne ?

Le corps est la meule, et les pensées les eaux…

La meule dit : “Oh, l’eau, comprends ce qui se passe !”

L’eau dit : “Non, demande plutôt au meunier,

C’est lui qui manœuvre l’eau de la colline – il sait pourquoi !”

Le meunier dit : “Toi qui manges le pain ! Dis-moi,

Si la meule cessait de tourner, que ferait le boulanger ?”

Poème de Rumi

 

Ce poème très profond de Rumi parle de façon métaphorique  des causes interdépendantes des phénomènes  (en sanskrit Nidanas ) qui s’intriquent les unes aux autres de manière si  compacte que nous avons du mal à en discerner les parties que constituent ce que l’on appelle notre Ego.

Pourvoir disséquer chacune de ces parties constitutives,  observer comment nous saisissons chacune d’elle, toujours  à notre insu, et comment nous nous illusionnons de la réalité de ces phénomènes en  identifiant  la partie au tout , c’est ce que nous tentons de faire quand nous méditons.

Laissons parler Dhiravamsa au sujet de la pratique de la Méditation de la Vision Profonde (Insight Meditation ) :

 

VIPASSANA: LA VOIE UNIQUE DE L’ÉVEIL

 » La signification et la portée de Vipassana :

La signification littérale de Vipassana est une  vision  totale, claire, profonde et panoramique. Cela se réfère à voir avec l’œil de l’intégrité, ce qui signifie reconnaître que rien ne se passe de manière isolée ou indépendamment, que les problèmes doivent être considérés dans le contexte de systèmes entiers. En voyant de cette manière, nous sommes capables de percevoir le réseau intrinsèque d’interconnexions qui sous-tend notre expérience et de la fusionner avec elle. Par exemple, nous reconnaissons les façons dont nous sommes un miracle extraordinairement aride  et en même temps nous ne voyons pas que nous sommes en même temps rien de spécial, juste une partie d’un plus grand déploiement, comme des vagues sur la mer.  La vision  Vipassana nous libère des distorsions incessantes caractéristiques de nos processus émotionnels et de pensée quotidiens, distorsions qui, comme nous l’avons vu, peuvent continuellement saper l’expérience de notre totalité intrinsèque. »

 

Meditation et Ennéagramme :

 » En ce qui concerne l’enseignement du Bouddha sur « Comment la souffrance surgit et où elle finit » ou « Paticcasamyppada – Dépendance dépendante », je trouve qu’il est très important pour nous tous de la connaître et de la mettre en pratique.

Le travail le plus essentiel sur l’ennéagramme consiste en une compréhension complète et précise de tous les types et caractères ,  de leurs interrelations, de leurs passions dominantes, et comment mettre fin à leurs schémas compulsifs de conditionnement, ou comment nous libérer de ces passions et briser les structures de caractère des types enneagramme .

Dans la terminologie du Bouddha, l’Ennéagramme lui-même est souffrance ou sankkhâra-dukkha en pali.

Les passions dominantes des types enneagramme sont les causes profondes de la souffrance qui doivent  être totalement éliminées ou transformées, Se libérer des  types de l’Ennéagramme  est égal au Nirvana  (la fin totale de la souffrance et l’extinction une fois pour toutes de tous les feux qui brûlent nos vies).

Les moyens par lesquels un tel but peut être atteint, est la Meditation Profonde. Cette méditation de base comprend les cinq facteurs indispensables de la voie du milieu du Bouddha: la juste compréhension, la juste pensée, la juste attention, la juste persévérance et le juste samadhi (stabilité intérieure et tranquillité d’esprit.) En comprenant et pratiquant la paticcasamuppada dans la vie quotidienne , nous serons  capable d’accélérer et de compléter votre travail sur l’ennéagramme, qui portera de grands fruits dans votre vie. « 

Je voudrais terminer cette conclusion en faisant référence aux sages paroles du Bouddha dans le Dhammapada, qui sont des joyaux pour tous:

« Ceux qui sont conscients et éveillés se mettent toujours en chemin.
À aucune demeure ils ne sont attachés.
Comme les cygnes qui quittent leurs étangs,
En les abandonnant l’un après l’autre .

Vigilant et pleinement conscient parmi ceux à qui l’attention fait défaut,
Totalement réveillé parmi ceux qui sombrent dans le sommeil,
La personne sage agit promptement
Comme un cheval rapide laissant derrière lui un faible bourrin.
Sachant que l’amour de soi prime avant tout
On devrait avoir une haute estime pour soi-même.

Au cours de chacune des  trois phases de la vie
Les sages devraient garder une vigilance qui jamais ne s’éteint   » .

Extrait : Enneagram et Méditation Vipassana , Dhiravamsa

Dhiravamsa, enseignant de méditation Vipassana  ,

Las Palmas, Grand Canari

 

 


Christophe André, psychiatre et psychothérapeute,  est l’un des chef de file des  Thérapies comportementales et cognitives en France et a été l’un des premiers à introduire l’usage de la méditation en psychothérapie.

Il est également l’un des responsables de l’ADM France  ( Association pour le Développement de la Mindfulness ), centrée sur l’attention et la pleine conscience appliquée à la vie de tous les jours dans un contexte laïque, thérapeutique et/ou médical.

Voir également sur notre site les pages consacrées à la pleine conscience et à la MBSR et MBCT

Ecoutons le nous parler de l’estime de soi, au travers des âges et des différentes civilisations et comment la pratique de l’attention à soi et de la bienveillance peut aider l’individu à mieux s’écouter, se connaître et mieux se respecter :

A lire également les ouvrages sur l’estime de soi , de ce même auteur :  » Imparfaits, libres et heureux » et  » « L’estime de soi. S’aimer pour mieux vivre avec les autres  » aux éditions Odile Jacob

 

 


[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=1ODHEWGs1ak[/youtube]

 

 

 

Olivier Föllmi

 

Hallowen :

 

Pourvoir parler de la mort,  le coeur ouvert,  sans tabou, et en pleine conscience de ce qu’elle est réellement pour nous, voilà un réel défi pour nous tous, engoncés dans des valeurs d’éternité, de permanence, de profit et de bien-être.

Laissons la parole à Fabrice Midal, philosophe et enseignant de méditation, que nous apprécions beaucoup, et qui sait en parler mieux que personne

 

 

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Reza Badrossama, peintre persan

 

 

« Hier soir, je t’ai envoyé comme messagère une étoile.

 Je lui ai dit : « Apporte mon salut à cette beauté pareille à la lune ».

Je me suis prosterné et j’ai dit : « Apporte cette prosternation à ce soleil,

A lui, qui, par son rayonnement, transforme les pierres en or ».

J’ai ouvert mon coeur, et je lui ai montré mes plaies.

Je lui ai dit : « Décris mon état à mon cruel bien-aimé ».

O toi qui guéris, à chaque instant, cent pauvres pareil à moi !

Le royaume de l’union avec toi était, depuis le commencement, la demeure du coeur.

Jusqu’à quand laisseras-tu en exil ce coeur vagabond ?

Je me tais; mais pour guérir cette langueur

O échanson des amoureux !

Tourne vers nous le regard de tes yeux enivrés ! « 

 

Rumi, poète et mystique persan ( 1207-1273)



Prochainement un portrait de ce poète sur la page de notre site consacré au modèle du Diamant.

 

Fabrice Midal nous parle de l’amour dans son avant-dernier livre : « Et si de l’amour on ne savait rien ? »

Fondateur de l’Ecole Occidentale de méditation,  il oeuvre à transmettre la pratique de la méditation en dialogue avec la poésie et la philosophie.
Il est par ailleurs éditeur, dirigeant deux collections aux éditions Belfond et Pocket.

Voir son site.

Je vous laisse découvrir ce touchant et merveilleux auteur.

 

Vidéo :

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L’acceptation est enseignée dans la méditation de la pleine conscience comme une alternative à l’évitement expérientiel.


 

L’évitement expérientiel est l’attitude de contrôler, vouloir changer ou manipuler les états émotionnels, les pensées, les sensations, les souvenirs que nous évaluons comme désagréables ou douloureux.

Comme nous avons l’habitude de confondre la réalité telle qu’elle est,  avec ce que nous pensons de la réalité, chaque situation vécue, est  évaluée et catégorisée en expérience agréable ou désagréable.

Nous essayons de fixer notre boussole sur « me sentir bien » [1].

Si l’expérience est ressentie comme agréable, nous voulons retenir la sensation et en avoir plus ; si elle est vécue comme désagréable, nous mettons tout en œuvre pour la repousser, l’éviter, la nier, la supprimer ou l’oublier (en se distrayant, travaillant plus, écoutant de la musique,  prenant des médicaments, des drogues, de l’alcool, faisant du sport à outrance, …). Cette attitude est efficace uniquement sur du court terme.

La pleine conscience et les thérapies cognitives basées sur la pleine conscience proposent une alternative à l’évitement expérientiel, à la fuite ou au combat contre soi-même :

Cette attitude s’appelle l’acceptation.

Accepter n’est pas se résigner ni courber l’échine.

Bien au contraire, l’acceptation est un acte délibéré, courageux et compatissant d’auto-validation dans lequel l’individu embrasse le moment, dans l’ici et maintenant, tel qu’il se déploie, pleinement et sans défense.

Par « pleinement », nous entendons :  toutes les émotions et le contenu mental sont là pour être expérimentés, et pas simplement juste une partie de lui, et pas spécifiquement les parties que nous apprécions. Ce que nous signifions par « sans défense » est : la conscience sans jugement et sans évaluation qui observe de façon dépassionnée.

L’acceptation a deux caractéristiques :

  • L’acceptation est un choix, celui de dire oui à ce qui est déjà là. Ce n’est ni un sentiment ni un désir, mais une action délibérée, qui s’offre à nous à chaque instant.
  • L’acceptation est un processus, ce n’est pas un but en soi.

Finalement l’acceptation supporte et encourage des actions basées sur des valeurs choisies, alors que le contrôle et l’évitement expérientiel nous conduit à des actions basées sur des peurs, donc nous éloignant de nos valeurs.


[1] Références : Steven Hayes, fondateur de la thérapie ACT, Acceptance and Comitment Therapy, Thérapie d’acceptation et d’engagement et Benjamin schoendorff : Faire face à la souffrance avec la thérapie ACT